La faculté. C'est le nom d'un de ces petits jeux vulgairement appelés Innocents. Une dame du cercle est malade et tous les messieurs sont médecins. Le doyen de la faculté ( le cavalier le plus voisin de la dame ) recueille les consultations à voix basse. L'un ordonne la
lecture d'une page de Molière, l'autre un verre d'eau
sucrée ; celui-ci un baiser sur la main ; celui-là
une tisane, et ainsi des autres. Elle tâche de deviner les donneurs de conseils sanitaires ; ceux qu'elle devine donnent des gages, et sont obligés de motiver leur avis, en disant, par exemple : j'ai ordonné la lecture d'une page de Molière pour chasser l'humeur mélancolique ; j'ai conseillé un verre d'eau sucrée, pour conserver la fraîcheur de la voix, etc. La malade est obligée de suivre une des ordonnances, à son choix, parmi celles qu'elle n'a pas devinées, si toute-fois il est possible de l'exécuter à l'instant. Un jour, un des médecins avait ordonné le silence ; il fut le seul que la malade ne devina point : elle devait donc suivre son ordonnance ; mais on se doute bien que toute la faculté était trop galante pour ne pas s'y opposer.
|
Journal des Dames et des Modes - 31 Janvier 1819 / Gravure 1791.