L'Illustration -
19 décembre 1857 - Les élections en Belgique, sur la place
de l'hôtel de ville, à Bruxelles.
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Les élections belges ont eu lieu le 10 décembre. Il faut remonter à l'année 1847 pour trouver un mouvement politique à peu près égal à celui dont ces élections ont donné le spectacle. Les catholiques et les libéraux n'ont rien négligé pour assurer le succès de leurs candidats, et la lutte a été d'une vivacité extrême. Cependant, malgré l'ardeur qu'y mettaient les deux partis, nulle part l'ordre n'a été troublé. Disons qu'elles ont été les circonstances de la crise dont ces élections sont le dénouement, et qu'elle position les résultat du scrutin font à l'opinion catholique et à l'opinion libérale. Les catholiques étaient arrivés au pouvoir le 30 mars 1855, et le cabinet par lequel ils étaient représentés se composait de MM.de Decker, intérieur ; le vicomte CH. Vilain XIIII, affaire étrangères ; le lieutenant général Baron Greindl, guerre ; Mercier, finances ; A.Dumon, travaux publics, et Alph.Nothomb, justice. Ce cabinet eut une existence relativement paisible, jusqu'au moment où la loi sur les bienfaisance fut discutée à la chambre. Mais les débats, qui durèrent six semaines, et pendant lesquels l'opposition libérale, quoique numériquement plus faible d'un tiers que le parti catholique, réussit à soulever le pays contre la loi en discussion, rendirent très-difficile la situation des ministres.
Des troubles éclatèrent en plusieurs endroits, les députés
catholiques furent hués à leur sortie de l'enceinte législative,
et les manifestations prirent, le 27, 28 et le 29 mai une telle gravité
que la discussion de la loi fut suspendue, la Chambre ajournée
le 30 mai et la session close le 13 juin. La
lutte continua dans la presse ; les élections communales, qui
n'ont pas habituellement le caractère politique, furent cette
fois, pour les deux opinions en présence, une nouvelle occasion
de mesurer leurs forces, et le ministère catholique crut devoir
se retirer en voyant qu'elles s'étaient faites dans un sens libéral. Il y parvint aisément en faisant appel à ses anciens collègues, MM.Frère-Orban et Tesch, qui reprirent les portefeuilles des finances et de la justice. M. le baron de Vrière, gouverneur de Flandre occidentale et ancien diplomate, fut ministre des affaires étrangères, et M. le général Berten prit l'administration de laguerre. Le
département des travaux publics, encore sans titulaire, est dirigé
par M.Partoes, qui en est le secrétaire général. Or
les grandes fortunes appartiennent, surtout en Belgique, au parti conservateur,
et c'est ce qui explique l'inutilité d'une dissolution qui aurait
peu modifié la composition actuelle du sénat. La perte de M. A.Dechamps, orateur éminent, et celle de M. le baron Osy, riche capitaliste et homme très-influent, seront très sensibles aux catholiques, à qui la mort a récemment enlevé une de leurs notabilités, M.de Mérode, et qui ne trouvent pas dans les nominations nouvelles des compensations à cet amoindrissement. La session a été ouverte, sans apparat, le 15 décembre. |